La forêt : entre habitat naturel et production

Qu’on vive sur le territoire ou qu’on le traverse, on a parfois l’impression de ne voir qu’un seul paysage, qu’une seule forêt ou qu’un seul arbre qui se répète. Pourtant, en regardant attentivement, on voit une multitude d’essences forestières, de forêts et de paysages illustrant une évolution de la gestion forestière à travers le temps.

Milieu forestier © CSalomon

Le milieu forestier : habitat indispensable pour une biodiversité préservée

Sur les 160 000 hectares de forêt présents aujourd’hui sur le territoire du Parc (soit 15x la surface de la ville de Paris ou 225 000 terrains de football), près de la moitié sont composées de feuillus. La majorité de ces feuillus ne sont pas issus de plantations, mais d’une colonisation naturelle des terrains suite à la déprise agricole qui a touché le territoire au cours du 20ème siècle. L’autre moitié de la surface date de plantation d’après-guerre, favorisé par une politique publique : le Fonds Forestier National (FFN).

En remontant au Moyen Âge, le territoire était en partie boisé. On y trouvait aussi des landes, des pelouses, des tourbières, des rivières, mais aucun étang. Toutes les mares, étangs et lacs du territoire sont artificiels. Progressivement, et compte tenu de l’augmentation des activités humaines, la forêt a été consommée plus vite que ce qu’elle poussait, jusqu’à atteindre une surface minimale forestière entre 1850-1870. C’est la période référence pour définir ce qu’on appelle aujourd’hui les forêts anciennes.
Dans ces forêts anciennes, les arbres n’y sont pas forcément vieux de 150 ans, car il peut y avoir eu des coupes au fur et à mesure du temps sans que le sol y soit profondément modifié. On peut donc trouver de jeunes arbres, sur de très vieux sols forestiers. On distingue ainsi les forêts anciennes des forêts matures, qui présentent de forts attributs de maturité (très gros bois vivants, présence de bois morts au sol et de chandelles, présence de dendro-microhabitats), et des vieilles forêts qui sont à la fois anciennes et matures.

forêt ancienne © C. Salomon PNRML

Production forestière : évolution des exploitations

Aux alentours de 1850, la forêt occupait moins 7% de la surface du Parc, soit environ 23 000 hectares. C’est le parc naturel du Massif central où les forêts anciennes y sont les plus rares. Depuis cette période, la forêt a donc progressivement gagné en surface pour plusieurs raisons : la diminution de la population sur le territoire, la volonté d’augmenter la surface forestière en France pour pouvoir continuer à répondre aux besoins dans le temps, et l’utilisation du charbon d’origine minière qui a fait diminuer le bois comme fabrication de charbon.

Après la Seconde Guerre mondiale, pour répondre à des besoins économiques, à la demande de production de pâte à papier et aussi pour endiguer l’exode rurale, l’Etat français a mis en place le Fonds Forestier National (FFN) : subventions, prêts, bons-subventions, qui ont permis d’acheter des plants en pépinière (à grande majorité résineux) mais aussi de créer des routes et chemins forestiers.

Ainsi, à partir des années 1950, le territoire s’est très rapidement boisé à partir d’essences résineuses : pins sylvestres au début, puis épicéas et enfin le douglas qui a vu son utilisation être majoritaire en plantation depuis les années 1970. Plus de 90% de la surface forestière du territoire est privée, la gestion y est donc multiple avec plus de 21 000 propriétaires différents.

C’est ainsi que notre massif forestier limousin est composé soit d’accrus feuillus naturels et de massifs résineux artificiels.


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