Pourquoi travailler sur les grands prédateurs ?
Le Limousin est situé sur le front de colonisation du Loup et déjà fréquenté sporadiquement par cette espèce depuis 2017. L’installation d’un Loup sur un territoire soulève différents enjeux :
- Fragilisation des systèmes extensifs d’élevage,
- Perturbation de la quiétude des habitants, chasseurs et randonneurs par la présence de chiens de protection des troupeaux,
- Équilibres cynégétiques et effet sur la sylviculture ou l’agriculture,
- Effets sociaux liés au retour d’une espèce à forte identification culturelle,
- …
Les études et retours d’expérience montrent que les difficultés et les conflits sont réduits lorsque le sujet du grand prédateur est abordé de façon pluridisciplinaire et concertée à un niveau local.
C’est pourquoi le PNR, qui agit déjà en transversalité avec un grand nombre d’acteurs, a mis en place cette mission de suivi des grands prédateurs, d’accompagnement des éleveurs, de prévention des conflits d’usage, d’information, communication et formation, ainsi que d’expérimentation.
Les prédateurs en Limousin
- 1926 : dernières mentions d’un Loup abattu en Limousin (Sussac – 87 – mention certaine ; Magnac-Laval – 87 – mention possible)
- 2017 : premiers indices de passage du Loup en Limousin depuis son éradication en France.
- Décembre 2021 : premiers indices signant une colonisation du territoire par le Loup et premiers constats de dommage attribuables à cette espèce.
- Mars 2023 : passage probable de deux loups disperseurs au nord du Limousin (un entre Puy-de-Dôme et la Creuse, un autre entre la Haute-Vienne et la Vienne).
- Printemps 2023 : qualification du Plateau de Millevaches en « zone de présence permanente ».
- Mai 2023 : abattage du Loup arrivé fin 2021 lors d’un tir de défense simple (Tarnac – 19).
- Décembre 2021 – mai 2023 : environ 66 constats de dommage et 225 ovins tués/blessés attribuables à ce Loup.
- Mars à mai 2024 : indices de présence isolés validés en Creuse, Corrèze et Haute-Vienne (disperseur/s).
- Juin 2024 : indices et constats de dommage traduisant un retour de l’espèce sur le Plateau de Millevaches, au nord de la Corrèze.
- Septembre 2024 : confirmation de la présence de deux individus, dont un mâle, sur le Plateau de Millevaches.
Les actions de ce programme
Créer et coordonner un groupe d’entente
Le groupe d’entente vise à intégrer la variabilité des regards autour de la thématique des grands prédateurs, à disposer de la même base de connaissances ainsi qu’à mutualiser les compétences et moyens pour répondre plus efficacement et concrètement aux besoins exprimés localement.
Cette coopération entre socio-professionnels, institutions et société civile peut aussi permettre de se former les uns les autres et de gagner en compétences.
Améliorer les connaissances sur les prédateurs, leurs proies et leur environnement
Comprendre le/s prédateur/s en présence, c’est comprendre comment il/s peut/peuvent impacter les troupeaux et donc comment on peut adapter nos actions, notamment pour protéger plus efficacement les troupeaux domestiques. Connaître les proies et les milieux renforce la compréhension du prédateur et de son occupation du territoire.
Pour répondre à ces objectifs, le PNR s’appuie sur un réseau de pièges photographiques, des prospections dédiées ou opportunistes et la collaboration avec des professionnels et particuliers souvent exposés à la faune sauvage et à la nature.
Réduire les prédations et expérimenter – accompagner les éleveurs
Le principal conflit lié à la présence du loup est la prédation sur les troupeaux domestiques, qui affectent à la fois l’éleveur (psychologiquement, techniquement, financièrement) et son troupeau (stress direct et conséquences indirectes : apathie, baisse de production, avortements, refus de retourner au pâturage…). Pour réduire le risque de prédation, des mesures de protection et d’effarouchement peuvent être mises en place, mais elles nécessitent d’évaluer à la fois le contexte de l’élevage et celui de l’environnement (milieux, loup, disponibilité en proies sauvages).
Le PNR propose de renforcer les actions de l’Etat sur ce sujet, ainsi que d’innover et d’expérimenter. Il réalise par ailleurs des diagnostics du risque de prédation afin de donner aux éleveurs des clés pour mieux choisir les outils qu’ils déploient.
Une autre action porte sur la formation de bénévoles à l’aide à la protection des troupeaux ou à la surveillance nocturne.
Réduire les conflits sociaux et d’usage – renforcer la cohésion territoriale
Sur le sujet des grands prédateurs, des conceptions du monde s’opposent, pouvant engendrer des conflits. Le PNR vise une meilleure compréhension et une meilleure tolérance des enjeux de chacun, pour trouver des compromis.
L’un des conflits d’usage majeurs concernent la présence de chiens de protection des troupeaux, qui sont sources d’inquiétude et parfois d’incidents avec les humains ou leurs chiens de compagnie. Un travail de concertation, d’information, de médiation et d’accompagnement est mené en partenariat avec le relais local de l’Institut de l’élevage et une éthologue pour répondre aux interrogations et proposer des solutions pour résoudre les conflits.
Communiquer et informer
Il s’agit de communiquer sur l’ensemble des thématiques traitées, des enjeux, des actions, des connaissances, auprès des différents publics. Les différents médias du PNR sont utilisés : réseaux sociaux, site internet, journal « Vivre le Parc »…
Les mesures de la charte
Mesure 3 - Mener des travaux de recherche et d’expérimentation sur la dynamique des espèces et des écosystèmesMesure 21 - Développer et promouvoir une agriculture alliant viabilité économique et respect de l’environnement
Contact
Jessica Hureaux
Chargée de mission Grands prédateurs
Email : j.hureaux@pnr-millevaches.fr
tel : 06 77 83 89 01